Un conte d'aujourd'hui (suite)
Le petit virus avait forci. Sa couronne
bien posée sur sa tête, il découvrait le vaste monde et cherchait toujours son
alter ego, sa princesse. Il sautait d’un continent à l’autre, embarrassant les
chefs d’Etat qui ne voulaient pas y croire. Il rendait aussi la vie plus simple.
En effet, les gens ne couraient plus comme des poules sans tête, ils restaient
ensemble – ou seuls – dans leurs nids. Chez eux, ils s’occupaient comme ils
pouvaient. Séries télé à la chaîne (hihi, chaîne de télé, j’l’avais pas vu !),
vidage de frigo boulimique, rangements à tout va. Certains appartements
rutilaient comme jamais. Les armoires étaient rangées, les vieux habits triés
attendaient leur prochaine vie dans des sacs en plastique. Les plantes vertes
resplendissaient, leurs feuilles bien lustrées à la bière reflétaient le soleil
(bon, Monsieur a râlé, c’est pas normal de gâcher de la bonne bière comme ça !
mais il a fini la bouteille sans se faire prier).
Oh, tout n’était pas rose,
parfois, les enfants faisaient regretter à leurs parents de ne pas les avoir
(mieux) éduqués avant, l’exiguïté des lieux augmentaient les frictions (pas
toujours désagréables) et les caractères différents se confrontaient. Étincelles !
Mais certains talents se révélaient. Qui aurait cru que Christine était si douée
pour expliquer l’algèbre à son fils ? que Jacques savait apprêter les
pâtes de tant de façons ? que les enfants pouvaient vraiment ranger leur
chambre seuls ? et qu’un petit chien prend bien plus de place qu’un gros ? (à suivre)